Résidence 2023

Depuis l’épisode de la Covid, nous faisons le constat que notre rapport au travail est en train d’évoluer.

« En 1990, 60% des sondés répondaient que le travail était « très important » dans leur vie. Ils ne sont plus que 24% aujourd’hui à faire cette réponse » : Jérôme Fourquet dirige le département Opinion et Stratégies d’entreprise de l’Ifop.* « Pour beaucoup d’individus, le travail est devenu l’autre nom de la servitude » : Cynthia Fleury est philosophe et psychanalyste. **Les Échos Week-end du 28 janvier 2023.

De nombreuses études, articles questionnent ces nouvelles relations au travail. Avènement du numérique, de l’intelligence artificielle, promesse de nouveaux gains de productivité ? Changement climatique, guerre en Europe, inflation ? Équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle ? Épanouissement personnel ? Autonomie et flexibilité ? Impact et contribution ?

Comment élaborer un nouveau sens pour le travail ? Comment l’humain trouve-t-il une nouvelle place dans ce qui ne sera plus la société de consommation mais de l’investissement ?

Nous avons souhaité inviter une artiste qui porte par le prisme artistique un regard sur ce fait de société. Notre choix s’est porté sur l’artiste plasticienne, Elsa Werth.

Elsa Werth développe un travail aux formes multiples : installations, sculptures, vidéos, livres d’artistes et pièces sonores. Sa pratique artistique a trait à l’économie du travail, aux façons d’œuvrer. Elle rend compte des actions ordinaires, des gestes quotidiens en les désignant et en les déstabilisant par des opérations de déplacement, des contre-usages, des perturbations.
Avec une réelle économie de moyens, elle revendique des productions anti-spectaculaires comme tactiques de résistance. Ses matériaux de travail sont ces choses qui font le réel : les objets, les mots, les formes et les signes avec lesquels et au travers desquels nous vivons. Des choses communes dans tous les sens du terme : communes parce qu’ordinaires, communes car partagées.
Un vocabulaire familier apparaît alors comme déstabilisé, inquiété ou subverti par des choix artistiques qui contredisent en toute discrétion la rationalité instrumentale et les logiques de performance, de rentabilité, de management, de standardisation qui caractérisent la société contemporaine, pour y opposer des formes et des énoncés qui laissent toute leur place au doute, à l’improductivité ou à la contre-productivité, à la dérive et au hasard.

Elsa Werth questionne de façon sous-jacente les notions de production, de consommation, de travail ou encore d’information. Dans une société qui valorise la productivité et la croissance, le travail d’Elsa Werth tente d’instaurer une brèche, un parcours irrationnel dans un quotidien toujours plus normé et encadré. Elle nous invite à nous positionner sur des questions allant de l’emploi de notre temps, à la consommation ou encore à la croissance ou la décroissance.

Elsa est lauréate du 23eme Prix de la Fondation Pernod Ricard pour l’Art Contemporain en 2022 et du prix Humankind Leo Burnet en 2013.

Son travail a fait l’objet d’expositions personnelles à Bloom, Düsseldorf; Entre Deux Portes, Bruxelles; Interface, Dijon; Centre d’Art de l’Onde, Vélizy-Villacoublay; Centre des livres d’artistes, St Yrieix-la- Perche; Lendroit Éditions, Rennes; Primo Piano,Paris; Galerie Martine Aboucaya, Paris; Galerie mfc-michèle didier, Paris; Bazar Compatible program, Shanghai; Duplex/Walden, Genève.

Son travail a également été exposé internationalement dans des institutions et des galeries notamment au Musée National d’Art Moderne Georges Pompidou, Paris; Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean, Luxembourg; Art Museum of Nanjing University; Biennale de Coimbra; BSMNT, Leipzig; Société, Bruxelles; NordArt, Büdelsdorf; Fondation d’entreprise Pernod Ricard, Paris; Fondation Fiminco, Romainville; Frac des Pays de la Loire, Carquefou; Frac Normandie, Caen; Frac Franche-comté, Besançon; MRAC, Sérignan; MAMC Saint-Etienne; Centre d’Art Bastille, Grenoble; Cabinet du Livre d’Artiste, Rennes; Centre d’Art Image/Imatge, Orthez; Creux de l’Enfer, Thiers; Centre d’Art Albert Chanot, Clamart; ZK/U Center for Art, Berlin.